mardi 15 décembre 2015

2015-12-08 Rhodes, difficile pour Martine de gérer certains problèmes à bord ok

2015-12-08  Rhodes, difficile pour Martine de gérer certains problèmes à bord

Nouvelles de L’équille, le navigateur que nous avons rencontré à Itaques fait actuellement du char  à voile près de Cherbourg. Son bateau est dans un port à sec à Péloponnèse. Il le reprendra   en mai pour de nouvelles navigations dans les Cyclades.
Notre Levant est bien amarré au petit port de Faliraki qui se trouve à 20 minutes en bus de Rhodes.  Nous voici dans le bus.  Je suis assise à côté d’une jeune femme.  Lorsque le bus passe  devant une  église, elle et tous les autres passagers font le signe de croix (à l'envers).
A force de voir les gens faire le signe de croix en passant devant  une église ou un cimetière, maintenant, je fais pareil. Pour moi, c'est communicatif les us et coutumes des pays que je découvre.
Port de plaisance de Rhodes et ses 3 moulins à vent.

Les 3 moulins de Mandraki servaient autrefois à broyer le grain pour la cargaison des navires.
Aujourd'hui, les ailes tournent toujours au gré du vent mais les moulins n'ont plus aucune activité.

Au bout de la jetée se tient le fort Saint-Nicolas défendant la ville des premiers assauts et servant aujourd'hui de phare.

Il y a un gros Catamaran à l'entrée du port.   Celui ci a de gros taquets pour tenir ses amarres. Car ici le vent lorsqu'il souffle ce n'est pas pour semblant.

Je fais la connaissance d’une jeune française, Sabrina. Ils vivent depuis 9 ans sur leur catamaran et viennent juste de boucler leur TDM (Tour du monde).
 Ils ont un enfant de 10 ans à bord de Milo One, il avait 9 mois lorsqu’ils ont acheté le bateau. Il fait sa scolarité  à bord avec le CNED, c’est Sabrina qui tient le rôle de la maîtresse.

L’entrée du port avec sa biche et son cerf. 

Il y a du vent aujourd'hui et on entend les amarres qui grincent et les drisses qui chantent.

La biche, symbole de la ville de Rhodes, et le cerf gardent l'entrée du port.  C'est sur le port de Mandraki qu'est sensé avoir été construit le fameux colosse en bronze, haut de 32 m, en 305 av JC. Elle devait marquer la victoire des Rhodiens sur le roi de Macédoine Démétrios Poliorcète.
Après 12 ans de construction, le colosse fut détruit par un tremblement de terre.

Nous nous baladons le long des quais à admirer les bateaux. Voici un monocoque français. Chris, nous salue, ça fait 15 ans qu’ils ont tout plaqué, lui et son épouse pour vivre sur un bateau. Ils vont passer l’hiver au port à l’abri du vent et des tempêtes. Ils viennent de se faire opérer en France; sa femme,  du col du fémur et lui du ménisque; ils sont dans de beaux draps, ces deux boiteux à bord. 
C’est là que je me rends compte que ce n’est pas facile avec un bateau d’être malade. Surtout si c’est avec un catamaran qui ne trouve pas facilement de place au port.
Nous allons à  la capitainerie voir si il y a une place d’amarrage disponible. Le responsable nous propose une place à l’entrée sur tribord, mais ce quai est très exposé aux vents et il n’y a pas de pendille; donc nous devrons jeter l’ancre au milieu du chenal, ce qui risque de croiser avec les ancres des bateaux voisins et lorsque nous devrons appareiller si notre ancre est accrochée nous devrons plonger pour décrocher.  Dans le port de Rhodes nous n'avons pas le droit de plonger mais il y a une camionnette de plongeurs qui se trouve sur le quai avec le numéro de téléphone qu'il faut contacter lorsque les ancres sont emmêlées et ils prennent 100 euros à chaque intervention;  un commerce qui fonctionne bien, surtout l'été, période à laquelle les navigateurs passent seulement 1 ou 2 nuits maximum dû au prix élevé du port (en hiver, nous payons 450 euros par mois et je crois qu'en été les tarifs sont de 100 euros par jour). Finalement, nous resterons au petit port de Faliraki. 

Visite de l'aquarium. Je le trouve très joli mais rien à voir avec un site de plongée. Dominique qui a l’habitude de voir de beaux et gros poissons lors de ses plongées ne trouve pas cet aquarium très intéressant, pourtant ils ont reproduit les fonds marins dans de petits aquariums alimentés par de l’eau de mer. C'est vrai que les poissons ne peuvent nager librement sur des miles nautiques comme dans leur élément naturelle mais.....

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Cette nuit, le vent a soufflé très fort au petit port de Faliraki. Ca tire sur les amarres, ce qui n’est pas bon ni pour les amarres, ni pour les taquets, ni pour le bateau et surtout pas pour le confort à bord.

Nous décidons d'aller acheter des amortisseurs d'amarres.
De bon matin, par de jolis petits chemins ombragés qui sentent bon la terre et ses plantes, je me rends à l'arrêt du bus pour aller à Rhodes afin d'acheter des amortisseurs d’amarres.

J’arrive dans la vieille ville et ses fortifications byzantines. J’aime à me balader  toute seule, dans une ville, tôt le matin, lorsque les rues sont encore déssertes.
Dans la ville se trouve des mosquées, c'est vrai que nous sommes proches de la Turquie.
J'ai rencontré un couple sympa avec qui nous avons papoté.   Ils m'expliquent que  beaucoup de mots grecs sont d'origine médicale.

Ex. Gyneca, veut dire Femme, comme Gynécologue,
  Cardio, coeur, cardiologue. 
 Pedia, enfant, pédiatre. 
 Philo, ami, philosophie 

Et pleins d'autres mots. Finalement c'est logique le grec, un peu comme la navigation.  Je quitte ce charmant couple et continue ma balade.
Sur les clochers, il y a des horloges qui ne sont pas souvent à l’heure, je pense qu’elles ne fonctionnent plus et qu’ils ne les réparent pas. Même celle de la gare routière n’est pas à l’heure.

Devant les banques, les gens font la queue. Lorsqu’ils entrent, ils prennent un ticket et ressortent en attendant leur tour. c'est dû aux DAB peu approvisionnés donc pour retirer du cash il faut se rendre au guichet ou les montants sont   limités alors il faut  se rendent plus souvent à la banque.

Au port, j'inspecte les amarrages des bateaux.  C'est pas mal l'idée du pneu.

L'amortisseur d'amarre aussi est une bonne solution.

Voici un joli bateau, Pico, il est tout en alu avec panneaux solaires orientables.

Et ici un vrai bateau de baroudeur aux longs cours.
Tiens un drapeau Suisse. Je fais la connaissance de Aloïs un Suisse-Allemand avec qui je discute. Il a un vieux et beau bateau en bois, il navigue depuis des lustres. Il viendra nous trouver à Faliraki.


Jolie petite place




Ce ne sont pas des rues pavées mais galettées. Il ne faut pas avoir de talon pour marcher sur ces petits cailloux incorporés dans le ciment  dont le côté pointu est sur le dessus. Ce doit être également galère de marcher à pieds nus.
Ca y’est, j’ai acheté les amortisseurs d'amarres, ils sont super lourds.
Je reprends le bus et retour à Faliraki où nous installons nos amortisseurs sur les amarres  en faisant un noeuds de chaise, du coup ça tirera moins sur les taquets.
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6h du matin, départ du capitaine pour la Haute-Savoie.
Dominique doit se rendre en Haute-Savoie pour une petite intervention chirurgicale (rien de grave).

Le soleil se lève gentiment.   Dominique  traverse le port pour aller prendre le bus qui est à 20 minutes à pieds.
Je suis à nouveau seule à bord.   
Je range la rallonge électrique qui est toute tortillée et salée, je l’étends tout en long sur le quai et la love comme il faut.
Je fais la lessive et l’étends sur le bateau. J’en profite, car Dominique a horreur lorsque je mets le linge sécher comme les romanos.

Je m'aperçois que le safran bâbord touche le fond sableux.  Je prends la pagaye pour mesurer les fonds.  1 mètre 15 de tirant d'eau et de fond ;   je dois bouger le bateau de 3 mètres vers le bout de la jetée, près du phare.  Quel boulot, tirer sur les amarres, remettre les protections, tant mieux, il n'y  a pas trop de vent.   1 mètre 50 de fond, il y a de la marge sous les safrans, oufff….c’est bon.
Cette nuit, il y avait un fort vent de Sud.  Les vagues qui rasent le phare et entre dans le port font lever le bateau et ça tire très fort sur les taquets, même avec les amortisseurs. Le bateau faisait des à-coups très secs.

j'ai peur que les taquets cassent.

J’appelle Dominique pour l’informer. Nous décidons de changer notre Levant de port. Disons plutôt je dois.

Et me voila partie de nouveau pour Rhodes. Cette fois à la recherche d’un port et de navigateurs qui veulent bien m’aider à emmener le bateau à Rhodes.  
Je me rends au port à sec qui n’est pas cher du tout ;  de plus,  il y a de la place.

Par contre, la darse fait 6.05 et notre bateau 6.03 de large. Ca n’ira pas, je continue mes investigations.

J’arrive à la nouvelle marina. Très sympa le capitaine et le port n’est pas trop cher 450 euros par mois. Il est prêt à m’accueillir à mon arrivée si j’arrive seule avec le bateau.   Par contre,  il n'y a personne à bord des quelques bateaux amarrés, je serais la seule. Il me dit que la baie est ouverte au Nord, que la houle entre et que ce n’est pas confortable de rester à bord.
Je le remercie et vais au port qui se trouve près de la ville. Il y a de la place pour le même prix, 450 euros par mois et disponible pour 3 mois. Je réserve et pars à la recherche de navigateurs.
Tant mieux que j’ai le contact facile, que je ne suis pas du genre timide.  Je n’hésite pas à demander de l’aide car moi-même,  je serais la première à aider une personne dans le besoin. 

Je longe les quais en direction du bateau de Aloïs, le Suisse; mais il n’y a personne à bord, je file. Il faut absolument que je  trouve des navigateurs qui m’aident. Je me sens pas bien, j’ai la boule à l’estomac. Je ne suis pas à la hauteur de cette tâche car si je ne trouve personne, je vais devoir emmener le bateau moi-même. Je pense que je demanderai à un pêcheur de Faliraki de larguer les amarres et en arrivant à Rhodes, je demanderais à la capitainerie de m’aider mais j’ai un peu peur, disons plutôt beaucoup peur; surtout si il y a du vent.
Je m’arrête vers le bateau de Chris, le français et lui explique que mon ami a du rentrer en France et que je suis seule pour emmener le bateau de Faliraki à Rhodes.
J’ai à peine fini ma phrase, qu’il me dit de ne pas m’inquiéter, qu’il viendra avec moi pour amener le bateau à bon port. Je saute de joie et le remercie infiniment. Il part voir un copain, Klaus. Finalement ils seront deux pour venir à mon secours…..oufff…..
Je confirme la date, jeudi matin de bonne heure et de bonne humeur, je serai devant leurs bateaux et nous prendrons en taxi jusqu’à Faliraki.

J'informe Dominique.

Et me voilà à préparer le bateau.  Je contrôle les moteurs TVB.  Je remets la drise de la Grand Voile en place; j’en profite pour raccommoder le lasy bag qui commençait à se déchirer.
Je range l’intérieur du bateau, fait le ménage, je file au supermarché faire l’approvisionnement.  Même pour une petite navigation il faut faire l’avitaillement, on ne sait jamais.

Ah, voilà ma petite Alexandra et son Papou. Je lui fais mon tour de magie, elle est épatée.

Elle veut essayer mais elle n'est pas magicienne, hélas.  

Je fais mes aurevoirs  à la petite chapelle avec qui j’aimais parler et envoyer ma protection depuis l'univers  à tous ceux que j'aime.

Je repère les cailloux à l’entrée du port et les traces des bateaux de pêcheurs.
Dû reste, parlons en des pêcheurs, ils  ont du mal à dire calimera.  Je ne les trouve pas très sympa ces pêcheurs.  

 Alexandra vient me dire Yassou.

Demain matin c'est le départ avec mes 2 navigateurs.  Je ne dormirais pas beaucoup cette nuit, ça fait 3 nuits que je ne dors pas beaucoup.

Le Jour J.  Après avoir passé une petite nuit, je prends le bus de 7 heures pour Rhodes.  J’arrive au port et retrouve mes deux navigateurs, Rine et Klaus. Finalement Chris ne viendra pas mais c’est quand même lui le premier qui est venu à mon secours et qui a tout organiser. Nous prenons le taxi pour Faliraki et larguons les amarres. Il y a des hauts-fonds, je reste à l’avant du bateau et montre les rochers à Rine (capitaine de catamaran depuis des années) qui est à la barre. Ca y’est le plus difficile est passé, nous hissons les voiles, coupons les moteurs et direction Rhodes. 

Je leur sers un bon petit déjeuner à bord, on se croirait en été. 

Eux, ils sont heureux de naviguer.

Nous arrivons à 13h. à l’entrée du port.  Nous allons mettre le bateau cul à quai entre les gros bateaux de touristes mais il y a des amarres en travers qui nous empêchent d’accéder au quai. Nous jetons l’ancre et approchons tout doucement. Klaus saute sur le gros bateau  pour ôter les amarres et les laissent tomber au fond de l’eau afin qu’on puisse passer sans se prendre les hélices. Nous déroulons la chaine de l’ancre, reculons lentement jusqu’au quai et jetons nos amarres à Hurgo (le responsable du port). Tous c’est bien passé et Klaus remets les amarres sur les autres bateaux. Notre Levant est près du centre ville.  Un oiseau lâche un gros caca sur le bateau.


Il faut encore mettre une amarre à l’avant et l’attacher à une chaîne mère qui se trouve en parallèle du quai au fond de l'eau, car en cas de tempête....on ne sait jamais. Il faut que j’aie acheter une amarre de 50 mètres, et payer un plongeur, 100 euros pour qu’il attache l’amarre sur la chaine mère. Lorsque nous partirons dans 3 mois, l’amarre restera au fond de l’eau. Parait-il qu’au fond il y a plein d’amarres, d’ancres et de chaines qui traînent et lorsque vous jeter votre ancre, elle se coince quasiment à tous les coups dans un de ces déchet marin et il faut re-payer 100 euros un plongeur pour la décoincer sinon vous la laisser dans l’eau et en acheter une nouvelle.
C’est un business qui fonctionne très bien à Rhodes.
Je mets les amarres en croix à l’arrière, il ne risque pas de bouger et installe la passerelle qui est trop courte pour atteindre le quai sur lequel les gens qui passent  plongent dans le cockpit ;  j’accroche des couvertures à l’extérieur en guise de rideaux comme ça personne ne me voit.
J’appelle Dominique pour lui dire que tout s’est bien passé, que notre Levant est bien amarré au port.  Il peut transmettre ses remerciements aux navigateurs qui mon aidés.
Le soir, nous faisons un super apéro à bord pour les remercier.

Parmi toutes ces prises aucune ne va, je dois en racheter encore une.

Voici notre Levant au bord des quais et ses rideaux.
Je ne vous cache pas que c’est tout ce que je n’aime pas. Prendre la responsabilité de naviguer toute seule. Nous sommes tellement vulnérables devant cette mer immense ;  j’en veux à Dominique de ne pas être là pour gérer ces démarches, même si ce n’est pas de sa faute,  je trouve que c’est un boulot d’homme.  
Je discute avec des navigateurs qui me disent que ca aurait été de la folie de passer l’hiver à Faliraki car si il y a de la tempête de sud-est ca peut faire lever des vagues de 1 à 2 mètres dans le petit port. Je peux juste imaginer le bateau monter de 2 mètres attaché à un quai de 1 mètre de haut avec moi seule à bord.
Ce soir, je craque et je pleurs à chaude larmes.
Klaus va quitter le port dans quelques jours pour mettre son bateau à sec, je pense que je vais prendre sa place, qui est mieux abritée des forts vents d’hiver. il faut que je voie avec la capitainerie et également demander de l’aide à un navigateur car seule, c’est impossible pour moi de déplacer le bateau.
Un bateau, c’est un peu comme un bébé, impossible de le laisser seul sans surveillance donc je ne passerai pas les fêtes de noël avec ma famille qui me manque. Lorsque je suis partie en avril mon petit Loris ne marchait pas et maintenant il court. Je trouve que de vivre en bateau loin de sa famille c’est très dur. On me propose de mettre le bateau à sec à Leros, dans une île plus au Nord afin que je puisse rentrer voir la famille pour les fêtes mais je ne veux pas encore prendre cette responsabilité de gérer ce transfert seule sans Dominique.
Gérer un bateau toute seule, c’est une trop grosse charge pour moi et si pour des raisons de santé Dominique ne revenait plus, je ferais quoi moi, à bord, toute seule avec ce gros bateau. Donc ma décision est prise,  je veux vendre le bateau car après 5 ans de navigation, la famille me manque et ce bateau c’est trop de charges.
J’en discute avec Dominique qui n’est pas pour, mais dans la vie, on peut faire plein de belles expériences qui durent le temps que ça dure.  
Nous avons vécu notre rêve au gré des vents, appris la navigation et ses termes marins, vu de beaux paysages et rencontrés des gens intéressants.
Je souhaite que chacun puisse également  vivre son rêve aussi simple soit-il. 

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